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伊本拔都他遊廣州遇奇人

摘自張星烺編《中西交通史料彙編》第二冊〈拔都他遊歷中國記〉

  奇事。余居秦克蘭秦克蘭,صين كلان,譯版作 Sîn-calân,即廣州,聞有老耄賢人某君,住城。其年已二百余歲,不飲食,不溲溺,不與婦女來往,其精神甚強壯,居城外某山洞內,終日拜神。余一日至洞訪之。余立門階,觀其人甚瘦,皮膚紅而黑,其苦行滅欲之痕迹,尙斑斑可見,面無鬚髯。余向其施禮,伊執吾手而嗅之,轉謂舌人曰:「此人必自地之他角來者,亦猶吾輩居地之此角也。」言訖,謂余曰:「汝今見一奇事矣。汝尙憶昔日曾至海島上,見某廟內,有一人坐偶像中,贈汝十枚金圓乎?」余曰:「尙憶之。」彼答曰:「余即其人也。」余持其手而吻之。彼凝思良久,歸入洞內,不復見余,似深悔與余言者。吾輩冒險入洞內尋之,終不得見。但見其徒一人,手持紙幣無數,言曰:「此贈汝禮物也,請速行。」吾輩答曰:「欲見老人。」其徒曰:「君等雖留此十年,亦不得見老人。苟有知其秘密事者,必不許再見彼一面。君等不可信老人已遠離君輩,彼現實與君等同伴也。」余甚怪其事。別後,歸告審判者、牧師及寓主人奧哈愛丁。皆曰:「此乃彼見外國人之習慣也。無人知彼信何宗教。君等所見之學徒,實即其自身也。」復又告余曰:「彼離此境已五十年。前一年始歸。上至蘇丹,下至達官富室,無不來謁彼者。依其等級,饋贈禮物。貧僧來謁者,彼必給每人禮物無數。至其洞內,依吾等肉眼觀之,無一物可覩,而彼乃賜贈無已,大有不窮之勢,亦可怪也。其人喜談古事,又能言教主摩訶末之事迹。嘗言余若生彼時,當為之執役也。甚讚美哈利發俄瑪兒(Omer)及阿梨(Ali)二人。但大詬摩維亞【一】(Muawiyah)之子葉錫特(Yezid)。」審判者更復告余,關於異人之事甚多。奧哈愛丁告余曰:「余某次亦至洞訪彼。彼則執余手。其時余心神恍忽,如入大宮殿。見異人坐在寶座上,其頭戴皇帝之帽,傍立美女多人,以充下役。道傍樹果紛紛墜落河中。余取一蘋果啖之,即覺身已至洞,異人在面前,見余而哂笑。余從此後,病纏數月。故余此後,不再往見彼也。」秦克蘭居民皆信異人為回教徒,但未有人見其祈禱。至於齋戒斷食一事,彼無日不行之。審判者告余曰,有一日談及祈禱,異人則曰:「汝何知?吾之祈禱與爾殊也。」以上所言異人奇事,皆怪秘非凡,莫知其蘊。

原注:【一】俄瑪兒為摩訶末後第二代哈里發。阿梨為第四代哈里發。烏梅雅朝第二代哈里發摩維亞嘗在寇拜拉戰場殺阿梨及其子胡桑,故回教之十葉派(Shias)徒恨之刺骨。



以下法譯版取自一八五八年 Defrémery 與 Sanguinetti 譯本 (Wikisource):

ANECDOTE ÉTONNANTE.

Lors de mon séjour à Sîn-calân j’entendis dire qu’il y avait dans cette ville un cheïkh très-âgé, ayant dépassé deux cents ans ; qu’il ne mangeait pas, ni ne buvait, qu’il ne s’adonnait pas au libertinage, ni n’avait aucun rapport avec les femmes, quoique ses forces fussent intactes ; qu’il habitait dans une caverne, à l’extérieur de la ville, où il se livrait à la dévotion. Je me rendis à cette grotte, et je le vis à la porte ; il était maigre, très-rouge, ou cuivré, portait sur lui les traces des exercices de piété, et n’avait point de barbe. Après que je l’eus salué, il me prit la main, la flaira et dit à l’interprète : « Celui-ci est d’une extrémité du monde, comme nous sommes de l’autre bout. » Alors il me dit : « Tu as été témoin d’un miracle ; te souviens-tu du jour de ton arrivée dans l’île où il y avait un temple, et de l’homme assis entre les idoles, lequel t’a donné dix pièces d’or ? » Je répondis : « Oui, bien. » Il reprit : « Cet homme, c’est moi. » Je baisai sa main, le cheïkh réfléchit un certain temps, puis il entra dans la caverne et ne revint plus vers nous. On aurait dit qu’il éprouvait du regret de ce qu’il avait raconté. Nous fûmes téméraires, nous entrâmes dans la grotte pour le surprendre ; mais nous ne le trouvâmes pas. Nous vîmes un de ses compagnons qui tenait quelques béouâlicht de papier (billets de banque, au singulier bâlicht), et qui nous dit : « Voici pour votre repas d’hospitalité, allez-vous-en. » Nous lui répondîmes : « Nous voulons attendre le personnage. » Il reprit : « Quand même vous resteriez en ce lieu dix ans, vous ne le verriez pas. Or c’est son habitude de ne plus se laisser voir jamais par l’individu qui a connu un de ses secrets. » Il ajouta : « Ne pense pas qu’il soit absent ; au contraire, il est ici présent avec toi. » Je fus surpris de tout cela, et je partis ; je racontai son histoire au kâdhi, au cheïkh de l’islamisme et à Aouhad eddîn de Sindjâr. Ils dirent : « C’est là sa manière d’agir avec les étrangers qui vont le visiter ; personne ne sait quelle religion il professe, et celui que vous avez cru être un de ses compagnons , c’était le cheïkh même. » Ils m’apprirent que ce personnage avait quitté cette contrée-là pendant cinquante années environ, et qu’il y était retourné depuis un an ; que les rois, les commandants et les grands vont le visiter, et qu’il leur fait des cadeaux dignes de leur rang ; que tous les jours les fakîrs, ou les religieux pauvres viennent le voir, et reçoivent de lui des dons proportionnés au mérite de chacun d’eux, bien que la grotte dans laquelle il demeure ne renferme absolument rien. Ils me racontèrent encore que ce personnage fait des récits sur les temps passés, qu’il parle du prophète Mahomet et qu’il dit à ce propos : « Si j’eusse été avec lui, je l’aurais secouru. » Il cite avec vénération les deux califes : ’Omar, fils d’Alkhatthâb, et ’Aly, fils d’Aboû Thâlib, et il en fait un grand éloge. Au contraire, il maudit Yazîd, fils de Mo’âouiyah, et condamne le même Mo’âouiyah. Les personnes ci-dessus nommées me racontèrent beaucoup d’autres choses touchant ce cheïkh.

Aouhad eddîn de Sindjâr m’a rapporté à ce sujet ce qui suit : « J’allai le voir une fois, me dit-il, dans la caverne, et il prit ma main. Aussitôt je m’imaginai être dans un immense château, où le cheïkh était assis sur un trône ; il me semblait que sur sa tête il portait une couronne, qu’à ses deux côtés étaient de belles servantes, et que des fruits tombaient sans cesse dans des canaux qui se voyaient dans cet endroit. Je me figurais que je prenais une pomme pour la manger ; et voici que je m’aperçois que je suis dans la grotte, et que je vois le cheïkh devant moi, riant et se moquant de ma personne. J’en fis une forte maladie qui me dura plusieurs mois, et je ne retournai plus rendre visite à cet homme extraordinaire. »

Les habitants de ce pays-là croient que ce cheïkh est musulman ; mais personne ne l’a jamais vu prier. Pour ce qui est de l’abstinence des aliments, on peut dire qu’il est toujours à jeun. Le kâdhi m’a raconté ceci : « Un jour, dit-il, je lui parlai de la prière, et il me répondit : « Est-ce que tu sais, toi, ce que je fais ? Certes, ma prière diffère de la tienne. » Toutes les circonstances qui regardent cet homme sont étranges.